
Les chercheurs étudient la manière dont les approches s’appuyant sur la nature pourraient être utilisées pour améliorer la qualité de l'eau et les environnements marins sur les zones côtières de la Manche
À l’échelle nationale, les eaux côtières intertidales sont très importantes pour les oiseaux qui s'y reproduisent, les plantes et les invertébrés. Les habitats riches et variés du Solent et des ports de Poole offrent des conditions idéales pour la reproduction des oiseaux tels que les sternes. Ils abritent également un écosystème vulnérable de prairies sous-marines, ainsi que des marais salants et des invertébrés, qui sont essentiels à toute vie et représentent plus de 50 % de toutes les espèces connues.
L'augmentation des niveaux de nutriments dans les eaux côtières, causée par le déversement d’engrais et les rejets d'eaux usées, constitue un défi environnemental majeur pour ces régions. Ces apports nutritifs supplémentaires ont entraîné une croissance excessive des algues (connue sous le nom d'eutrophisation) dans les vasières intertidales, les marais salants et les prairies sous-marines qui couvrent des milliers d'hectares. Les répercussions sont d’ordre écologique, mais aussi économique et sanitaire pour la population humaine.
Le site Projet RaNTrans (réduction rapide des nutriments dans les eaux de transition) est le premier du genre à utiliser les processus naturels des huîtres, des algues et des vers marins indigènes pour produire des solutions durables qui permettront de réduire rapidement la couverture du dépôt d'algues et de contribuer à la réduction des niveaux de nutriments de part et d’autre de la Manche.

L'équipe présente la manière dont les huîtres sont utilisées pour filtrer l'eau dans le Solent
Il s'agit notamment :
- • D’alimenter des vers polychètes avec le dépôt d'algue et les convertir en aliments pour aquaculture
- • De mettre en place et d’optimiser l’ostréiculture de l'huître plate sauvage indigène européenne (Ostrea edulis) qui filtre l’eau ; ce processus physiologique permet de réduire les niveaux de nutriments et, au bout du compte, la croissance du dépôt d'algues, tout en favorisant le développement de la biodiversité, car les colonies d'huîtres abritent des milliers d'autres espèces marines
- • D’utiliser de manière innovante les dépôts d'algues pour l'extraction de substances chimiques bénéfiques pour la santé humaine
Le projet réunit neuf partenaires au Royaume-Uni et en France, et il est dirigé par l'Université de Portsmouth. Les partenaires du projet testent ces techniques sur quatre sites, deux en France dans la baie des Veys (Calvados) et la vasière du Lédano (Côtes-d'Armor) et deux au Royaume-Uni, à Langstone Harbour et à Poole Harbour.
L'environnement du Solent est soumis à des contraintes croissantes et il faut déployer de plus grands efforts pour inverser cette tendance et permettre la régénération du milieu naturel
Professeur Gordon Watson, Département des sciences biologiques, Université de Portsmouth
Le professeur Gordon Watson, de l'université de Portsmouth et Directeur du projet RaNTrans, a déclaré : « Les zones intertidales du Solent abritent une vaste et importante diversité de faune et de flore marine qui constituent un atout majeur pour la région. Mais l'environnement du Solent est soumis à une contrainte croissante et il faut mettre en œuvre davantage de projets pour inverser la tendance et permettre au milieu naturel de se régénérer. »
« Les résultats de ce projet nous placent à l'avant-garde de l’innovation et de l’avenir des recherches sur la réduction de la quantité de nutriments dans nos eaux côtières. En partageant les résultats de nos recherches avec Natural England, nous souhaitons établir une collaboration solide qui intègre à la fois la recherche scientifique et les variations de politiques en matière d’utilisation de solutions s’appuyant sur des mécanismes naturels pour restaurer la qualité de l'eau au profit de la faune, des entreprises et des populations de la région du Solent. »
Allison Potts, responsable de la zone Thames Solent de Natural England, a déclaré : « Nous apprécions la valeur de cette coopération avec l'Université de Portsmouth et d'autres partenaires pour mettre en œuvre ce projet. Au niveau du Solent, la mauvaise qualité de l'eau est un problème environnemental majeur et nous voulons vraiment explorer tous les moyens de rendre cette eau plus saine. »
« Non seulement pour la faune et la flore du Solent, mais aussi pour les personnes qui y vivent, y travaillent ou y viennent pour leurs loisirs. Les nombreuses facettes de nos travaux de recherche permettront d'obtenir une eau plus propre et plus saine grâce à la restauration des populations d'huîtres indigènes qui rétablit également l'habitat de nombreuses espèces de poissons. »
En développant le potentiel commercial de ces produits durables, le projet met également en évidence la manière dont la préservation de la biodiversité et l'amélioration de l'environnement peuvent soutenir la création d’emplois au niveau régional puisque l’ostréiculture, l'alimentation pour l'aquaculture et l’exploitation des algues sont des industries pesant plusieurs milliards de dollars. Ces technologies émergentes auront un impact significatif sur les perspectives du secteur maritime dans les années à venir.
Restaurer le milieu naturel et exploiter ses capacités pour résoudre des problèmes urgents auxquels nous sommes confrontés est absolument vital si nous voulons nous attaquer au déclin de la biodiversité, à la pollution de l’eau et au dérèglement climatique
Marian Spain, Directrice générale de Natural England
Marian Spain, directrice générale de Natural England, a ajouté pour conclure : « Pour Natural England participer au projet RaNTrans est un véritable point d’honneur, puisqu'il s'agit d'une collaboration entre organisations localisées de part et d'autre de la Manche visant à éliminer les algues nuisibles qui se développent en raison de la pollution de ces écosystèmes marins délicats.
Restaurer le milieu naturel et exploiter ses capacités pour résoudre des problèmes urgents auxquels nous sommes confrontés est absolument vital si nous voulons nous attaquer au déclin de la biodiversité, à la pollution de l’eau et au dérèglement climatique.
Aucune organisation ni aucun pays n'est en mesure d'affronter cet enjeu en isolation, mais chacun peut apporter son expertise, son expérience et ses résultats probants au partenariat et commencer à transformer les objectifs et les ambitions en actions concrètes sur le terrain. »
Le projet de trois ans, financé par le Fonds européen de développement régional par le biais du programme Interreg France (Manche) Angleterre, est à actuellement à mi-parcours et se terminera en juin 2023.
« Nous sommes favorables à cette collaboration en faveur de l'environnement », a déclaré David Hill, directeur général du ministère de l'Environnement, du Milieu rural et de la Mer. David Hill, Director-General for Environment, Rural and Marine at Defra.
« Améliorer notre environnement terrestre et maritime, procurer une eau plus propre, protéger les espèces et réhabiliter les habitats naturels tout en soutenant une agriculture et une pêche plus durables. Le développement durable n'a jamais été aussi important pour Defra. »

Un atelier se tiendra à l'Université de Portsmouth le 3 novembre 2022.
Pour en savoir plus sur cet événement, merci de vous inscrire. Nous prévoyons de partager et diffuser les résultats du projet et d'engager des discussions sur les étapes ultérieures du projet de réduction des nutriments au niveau du Solent et des autres régions.
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