Partenariats transfrontaliers, résilience et innovation
Un bilan impressionnant des derniers développements de nos recherches établi par notre représentante partenaire du Cefas, Elisa, a été publié dans les pages de sciences marines du Defra (https://marinescience.blog.gov.uk/2023/03/28/breaking-the-green-tide/) (en anglais).
Les zones côtières de la Manche (en Angleterre et en France) présentent un niveau excessif de nutriments (tels que l’azote) provenant du ruissellement des rivières et des rejets des zones urbaines, ce qui entraîne une croissance excessive des dépôts d’algues vertes. Les algues commencent à s’accumuler au fil du temps sur les vasières, et elles forment des dépôts denses contenant plusieurs couches d’algues (Figure 1). Les dépôts d’algues en décomposition sont désagréables à regarder et leur présence provoque une réduction de la biodiversité et de la densité des proies pour les échassiers et les oiseaux sauvages. Les gaz qui se dégagent lors de la décomposition des algues, s’ils sont présents en grandes quantités, peuvent également être toxiques pour les animaux et les personnes.

Figure 1. Dépôts d’algues vertes dans les zones intertidales.
Trouver une solution au problème
Certaines zones intertidales et côtières du Sud de l’Angleterre (comme le Port de Poole Harbour et le Port de Langstone) et du Nord de la France sont particulièrement touchées par ces dépôts d’algues denses qui se traduisent par des effets nocifs sur l’environnement, l’économie et la santé humaine. Pour résoudre ce problème, une équipe internationale de chercheurs provenant d’universités et d’organismes de recherche de France et d’Angleterre, dirigée par l’université de Portsmouth, travaille depuis trois ans dans le cadre du projet RaNTrans. Le projet a pour objectif de mettre au point des méthodes innovantes et rentables pour réduire la couverture du dépôt d’algues dans la région Manche.
To address this issue, an international team of researchers from universities and research organisations in France and England, led by the University of Portsmouth, has been working on the RaNTrans project for the past three years. The project aims to find innovative and cost-effective methods to reduce algal mat coverage in the Channel Manche region.
« Le projet RaNTrans a constitué une plate-forme unique de collaboration entre organismes de recherche et universités en France (CEVA, ARGANS, Aleor, Université de Caen Normandie, Université de Bretagne Occidentale) et en Angleterre (Université de Portsmouth, Université de Bournemouth, Natural England), permettant un partage transfrontalier des connaissances sur les méthodes de réduction des niveaux de nutriments dans les régions côtières », a expliqué Elisa Capuzzo, scientifique en chef au Cefas.
Le projet, qui s’achève cette année, a étudié différentes méthodes d’élimination des nutriments, notamment l’élimination mécanique des dépôts d’algues, leur utilisation en tant qu’alimentation pour les vers polychètes et la transformation de ces derniers en aliments pour l’aquaculture, la culture d’algues marines (Figure 2) et l’élevage de l’huître européenne.

Figure 2. L’aquaculture des algues
« Natural England a créé un code de conduite pour la récolte des algues que tous les ramasseurs d’algues sont invités à respecter. Le ramassage des algues dans les sites d’intérêt scientifique particulier (SSSI) est interdit sans l’autorisation du propriétaire et de Natural England. Nous encourageons les collaborations étroites avec des groupes tels que le Cornwall Wildlife Trust, qui développent des programmes de ramassage d’algues et d’aquaculture, ainsi que de suivre les conseils supplémentaires du Cornwall Good Seafood Guide » a déclaré Rohan Smith, de Natural England.
Aujourd’hui (28 mars 2023), l’équipe internationale de RaNTrans se réunit à Pleubian (Bretagne, France), sous l’égide du CEVA, pour résumer les résultats du projet et discuter des prochaines étapes.
Le rôle du Cefas dans le projet
Le Cefas, fort de son expérience dans le développement de modèles de croissance des algues (Modelling the distribution and growth of ‘problem’ green seaweed in the Medway estuary, UK | SpringerLink - Modélisation de la distribution et de la croissance des algues vertes « problématiques » dans l’estuaire de Medway, RU | SpringerLink) (en anlgais), a contribué au projet en modélisant la présence de dépôts de macroalgues dans deux estuaires en Angleterre, les Ports de Langstone et Poole (Figure 3).

Figure 3. Modèle hydrodynamique du Port de Poole.
L’apparition de dépôts d’algues a été prédite en modélisant les conditions physiques et relatives aux nutriments sur les deux sites d’étude.
John Aldridge, modélisateur principal au Cefas, explique : « Les simulations de modèles ont indiqué que la présence d’algues dans les Ports de Langstone et de Poole était fortement liée à des vitesses de courant plus faibles. Une probabilité plus élevée de présence d’algues marines était également associée à un faible niveau d’inondation (c’est-à-dire à des périodes relativement longues pendant lesquelles les estuaires ne sont pas recouverts d’eau) »
Ces connaissances nous aideront à identifier les masses d’eau les plus menacées par des quantités excessives de nutriments pour mieux prévoir l’effet des différentes techniques d’élimination.
Les prochaines étapes
Les cartes de l’occurrence prévue des dépôts d’algues marines issues de la modélisation (Figure 4) et des résultats produits par les satellites seront disponibles sur le site web de RaNTrans, ainsi que l’ensemble des résultats générés par le projet.

Figure 4. Prévision de la présence de dépôts d’algues dans le port de Langstone
Gordon Watson (Université de Portsmouth), chercheur en chef de RaNTrans, conclut : « Grâce au travail acharné de l’équipe de RaNTrans, nous avons pu évaluer scientifiquement un ensemble d’interventions visant à diminuer l’impact des dépôts d’algues et à réduire les concentrations de nutriments. Notre prochaine activité consistera à comparer le rapport coût-efficacité de ces méthodes, puis à obtenir un financement pour les mettre en œuvre dans les baies et les estuaires affectés en France et en Angleterre, ce qui, nous l’espérons, améliorera la qualité de l’eau dans la Manche. »
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